Page:Lacroix - Contes littéraires du bibliophile Jacob à ses petits-enfants, 1897.djvu/241

Cette page n’a pas encore été corrigée

remit à pleurer. Si je pouvais au moins la soulager !…


— Cybèle ? demanda encore Antoinette, qui soupçonna enfin un quiproquo. Cybèle n’a pas l’air malade…


— Maman ! dit la petite fille, en se relevant pour s’élancer vers le lit.


Alors une main sèche écarta les rideaux, et la lueur du flambeau que tenait Thérèse se projeta sur une espèce de figure jaune et décharnée, dont les yeux brillants, au regard fixe, semblaient seuls avoir encore de la vie. À cette apparition imprévue, mademoiselle d’Urtis poussa de nouveaux cris et fit quelques pas pour s’enfuir ; mais elle revint auprès de mademoiselle de La Garde, qui la rappelait d’un ton impérieux et la rassurait, en lui montrant la scène de douleur qu’elles avaient sous les yeux : la petite fille serrait dans ses bras cette femme agonisante, qui avait à peine la force de se tenir sur son séant et de faire signe qu’elle allait parler. Elle parla enfin d’une voix sourde et mourante.


— Pardonnez-nous, mes jeunes demoiselles… C’est ma fille qui l’a voulu… Mais j’étais mourante de froid… On me repoussait partout, on m’aurait tuée !… Le hasard, le bon Dieu nous a conduites ici… Je suis encore bien faible… Cependant je crois que je vivrai pour ma chère petite Marie !…


— Vous vivrez, Madame, répondit noblement mademoiselle de La Garde, et l’on vous donnera tous les soins qu’exige votre maladie… Ne parlez plus ; cela vous épuiserait, dans l’état de faiblesse où vous êtes ; votre fille nous instruira de ce qui est nécessaire. Thérèse, va chercher du lait dans notre chambre !… Va donc, tu sais