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après avoir entendu les premières paroles de l’entretien qui commençait entre son amie et la petite fille inconnue, elle se rapprocha d’elles, pour n’en rien perdre, et bientôt des larmes d’intérêt coulèrent le long de ses joues pâles.


— Grâce, Madame, oh ! grâce ! pardonnez-nous ! disait la pauvre petite, en joignant les mains et en sanglotant.


— Qui êtes-vous ? lui demanda mademoiselle de La Garde avec vivacité, mais sans menace dans la voix ni dans le geste.


— Je suis bien malheureuse ! reprit l’enfant, qui sanglotait plus fort et cachait sa figure entre ses mains. Ah ! bien malheureuse !


— Pourquoi vous trouvez-vous ici ? Qu’y venez-vous faire ? Aviez-vous de mauvais desseins ? Êtes-vous seule ?


L’enfant ne répondit pas à ces questions réitérées, mais étendit le bras vers le lit et parut hésiter en silence, tandis que les coussins tremblaient sur ce lit que Cybèle avait tout à coup accaparé, car on voyait le museau de cette chienne s’allonger hors de la courte-pointe : ce qui renouvela les craintes de mademoiselle d’Urtis et provoqua un éclat de rire de la part de mademoiselle de La Garde.


— Je vois que Cybèle vous tient compagnie, dit-elle avec bonté ; mais êtes-vous entrée seule dans le château ?


— Ô mon Dieu ! murmura l’enfant, que la timidité empêchait de parler : elle était si malade, si malade !…


— Cybèle ? demanda mademoiselle de La Garde ; en effet, elle paraît avoir été blessée aux pattes de derrière.


— Elle est encore bien malade ! reprit l’enfant, qui se