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— Tout a disparu, Dieu merci ! et nous sommes délivrées de cette vision de l’enfer !


— Il la faut chercher, cette tête affreuse, pour l’observer de plus près et lui demander ce qu’elle désire de nous, des prières ou des exorcismes.


— Quoi ! tu veux aller sur les traces du mauvais esprit ? Tu n’iras pas, Antoinette, tu ne me laisseras pas seule !


— Non, car tu m’accompagneras, en portant la lumière, d’autant que je compte peu sur l’haleine lumineuse et les yeux flamboyants de cette fameuse tête, pour nous éclairer en chemin.


— Vraiment, je ne sortirai pas d’ici avant le grand jour, et la nuit prochaine, je coucherai plutôt dans le parc, en plein air, malgré le froid et la neige.


— Un lit de gazon ne serait guère agréable par la froidure qu’il fait. Mais n’aie donc pas peur, ma petite Feuille-morte. Tu vois bien que les apparitions ne font pas de mal, et maintenant nous avons, pour nous défendre, ou du moins pour appeler à notre aide, cette brave Cybèle qui ne craint pas les revenants et qui aboierait de la belle manière s’ils venaient à se montrer.


— Va fermer la porte à double tour et aux verrous, Printanière, car il peut reparaître !


— Fi donc ! Thérèse, c’est pitoyable de faire ainsi l’enfant ! Veux-tu nous rendre ridicules, nous faire montrer au doigt ! J’aimerais mieux me trouver en compagnie de tous les revenants du monde. Sois donc plus raisonnable. D’abord, il n’y a pas de revenants…


— Il n’y a pas de revenants ! Regarde ! regarde ! disait mademoiselle d’Urtis, en désignant d’une main tremblante