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deux pattes de derrière cassées ou du moins fort endommagées par quelque accident !… Ô mon Dieu ! vois ces linges pleins de sang autour de ses pauvres pattes !… Cybèle, ma petite Cybèle, comment t’es-tu blessée ?… Elle m’a reconnue, cette excellente bête !… Tiens, elle me lèche, elle me fait fête, elle me remercie de l’intérêt que je lui témoigne… À coup sûr, nous pourrons prétendre avoir vu un véritable revenant, comme tu disais tout à l’heure.


— Oui, voilà Cybèle retrouvée, mais elle n’était pas seule, et cette tête affreuse qui s’est montrée…


— Une tête affreuse ! Bah ! j’ai cru voir, en effet, quelque chose qui ressemblait à la tête d’un enfant mal peigné !…


— Quel aveuglement ! Mieux vaudrait nier tout, que de vouloir expliquer les faits les plus extraordinaires, avec ton système d’incrédulité absolue. Va, j’ai de bons yeux et j’ai bien vu…


— Qu’as-tu donc vu ? interrompit mademoiselle de La Garde, occupée à examiner les blessures de Cybèle, déjà presque cicatrisées sous les bandelettes de toile grossière qui les enveloppaient.


— J’ai vu cette tête, que tu as vue aussi, j’ai vu ses yeux semblables à des charbons ardents, sa bouche qui exhalait une fumée lumineuse, ses cheveux… Oh ! quels cheveux ! n’étaient-ce pas des serpents ?


— Bon ! des serpents ! Tu te souviens des Furies de marbre, qui sont dans le parc de Saint-Germain et qui ont, en effet, une coiffure de cette espèce. Mais nous retrouverons bien, j’en suis sure, la tête et l’individu qui la porte.