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fauteuil ; mademoiselle de La Garde poussa un éclat de rire très rassurant, et quand Thérèse se hasarda enfin à regarder ce qui se passait, elle vit son amie aux prises avec le monstre qui semblait prêt à la dévorer : son premier mouvement fut de la défendre, avec un courage emprunté à l’amitié ; mais, comme Antoinette continuait à rire, malgré les grognements et les bonds du fantôme, mademoiselle d’Urtis examina plus attentivement les choses et s’aperçut que ce revenant qu’elle s’imaginait armé de griffes, de dents et de cornes, n’était autre qu’un gros chien noir.



Soudain, la porte de la chambre s’ouvrit toute grande


— C’est un chien ! dit-elle, stupéfaite de cette tardive découverte ; un chien !


— Appelle donc du secours par la fenêtre, répliqua mademoiselle de La Garde, en s’amusant de la surprise de Thérèse.


— Quel chien ? demanda Thérèse, qui n’était pas encore complètement tranquille : es-tu bien sûre que ce soit un chien ? Le revenant a choisi cette forme pour nous abuser !… On raconte des histoires épouvantables du diable métamorphosé en chien…


— Pauvre Feuille-morte ! tu as peur du diable maintenant ! dit mademoiselle de La Garde, en riant plus fort. Le diable serait certes bien malin, s’il pouvait passer dans le corps de Cybèle, notre chienne de basse-cour.


— Quoi ! c’est Cybèle, cette bonne chienne, qu’on disait perdue depuis huit jours ?


— Sans doute, c’est elle-même, un peu vieillie, ce me semble, car elle a de la peine à se tenir sur ses deux pattes… Je le crois bien ! le malheureux animal a eu les