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soins et de précautions que l’état sanitaire du pays paraissait recommander : puis, il se remit en route, pour retourner à Saint-Germain. Marie-Jeanne et son mari délibérèrent ensemble sur ce qu’ils avaient à faire pour se rendre dignes de la confiance de leurs maîtres et en même temps pour ne pas contrarier la résolution des deux jeunes amies : ils se décidèrent à laisser celles-ci accomplir leur audacieuse épreuve, mais à rester en observation, à peu de distance de ces deux imprudentes, pour être avertis de ce qui arriverait. Ils comptaient sur leurs prières pour empêcher les revenants de faire du mal à mademoiselle de La Garde et à sa compagne.


En attendant que la nuit fût venue, ils dominèrent assez leur épouvante, pour circuler ensemble, en se tenant par la main, dans la partie du château où mademoiselle de La Garde avait fait préparer une petite chambre, un frugal souper et un grand feu ; mais comme ils frémissaient à l’écho de leurs pas ! comme ils tremblaient au battement de leurs propres artères ! comme ils se serraient l’un contre l’autre, en croyant voir, à chaque instant, une apparition formidable se lever devant eux ! Lorsque le crépuscule commençait à changer les formes et les couleurs, Jean-Pierre et sa femme, qui se voyaient entourés d’images fantastiques et menaçantes, déclarèrent à mademoiselle de La Garde, qu’ils ne se sentaient plus la force de demeurer auprès d’elle, et ils se retirèrent précipitamment, comme s’ils étaient poursuivis par des êtres invisibles.


Les deux amies ne s’effrayèrent pas de se trouver seules dans une chambre dont la décoration bizarre devait