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saisie de compassion pour cette curieuse imprudente : êtes-vous décidée à vous faire tordre le cou ?


— Je n’ai que faire de votre compagnie, Marie-Jeanne : je resterai seule avec mademoiselle d’Urtis, et demain, au jour, je vous donnerai des nouvelles de nos revenants.


— Crois-tu bonnement qu’ils s’en vont faire la conversation avec nous ? objecta Thérèse.


— Ma chère demoiselle, dit Marie-Jeanne en pleurant, ne vous exposez pas à quelque malheur. Si vous persistez en votre fatale intention, j’irai prier M. le curé de Saint-Pierre de venir se mettre en oraison avec vous et jeter de l’eau bénite aux revenants.


— Gardez-vous-en bien, Marie-Jeanne ! Nous ne voulons pas faire peur à ces revenants, et nous les recevrons de notre mieux, pour qu’ils ne s’effarouchent pas trop. Que je sens d’impatience de leur souhaiter la bienvenue, avec mille prospérités !


— Hélas ! mes jeunes demoiselles ! dit le jardinier, en montrant son front chauve : vous devriez avoir plus de confiance en moi, et monsieur Germain ferait sagement de vous ramener à Paris, chez vos parents.


— J’ai des ordres qu’il faut exécuter, dit le cocher qui remonta sur son siège et se hâta de repartir dans la crainte d’être obligé de passer une nuit à La Garde. Un bon avis l’emporte sur cent mauvais, mesdemoiselles ; ayez égard au mien, qui est fondé sur la connaissance des choses : je vous engage à ne pas jouer avec les esprits !


Germain renouvela encore à Jean-Pierre les instructions de madame de La Garde, relativement au genre de