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Beautreillis, où Armand de Pierrefuges s’était logé, pour être au centre de la noblesse du Marais, qu’il fréquentait assidûment. Son logement, qui se composait de deux petites chambres hautes dans une maison de chétive apparence, était loin de répondre à la condition qu’il s’attribuait : deux vieux fauteuils délabrés, une table branlante, un coffre de bois et un lit de plume sur un misérable grabat, sans tapisserie et sans rideaux, tels étaient les meubles uniques dont Armand avait la jouissance locative. Encore ne payait-il pas toujours exactement son loyer, pour mieux ressembler aux débiteurs du bel air, qui s’amusaient aux dépens de leurs créanciers et qui ne les payaient jamais.


Scarron, accoutumé au spectacle de cette pauvreté mobilière, qu’il admirait, comme un témoignage de l’insouciance d’un petit maître, entra brusquement dans le taudis, où Pierrefuges, assis la tête dans ses mains, devant un feu presque éteint, paraissait livré à de tristes réflexions. L’arrivée de son cher Paul ne dérangea pas sa rêverie maussade, et lorsque celui-ci se fut jeté dans un fauteuil vacant, Pierrefuges se leva en silence, pour allumer, aux dernières étincelles du foyer, une chandelle de suif, qui n’éclairait pas tous les soirs son coucher.

— Armand, ou plutôt monseigneur de Pierrefuges ! dit le jeune homme, avec cette hilarité sardonique et bouffonne,