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selon son bon plaisir, sans tenir compte de la position sociale ni du caractère personnel du postulant. Cette singularité, passée en usage, ne scandalisait pas même les gens d’une piété sincère.


Paul Scarron devait la plupart de ses mauvaises habitudes à l’exemple pernicieux d’un ami, qu’il imitait en toute chose, comme un modèle parfait. Armand de Pierrefuges était une sorte de chevalier d’industrie, qui se disait noble à trente-six quartiers, et qui, à la faveur d’un nom sonore, se glissait dans les maisons les plus distinguées, où il se faisait remarquer par ses airs de gentilhomme, bien que le velours de son manteau, la soie de son pourpoint, et les rubans de ses chausses, n’eussent pas trop la fraîcheur irréprochable réclamée par la mode ; mais il suppléait de son mieux aux désavantages de sa toilette par une belle prestance, des manières recherchées et un verbiage spirituel. Il n’avait pas d’autre revenu que celui du jeu, et encore ne gagnait-il pas toujours, s’il trichait souvent. C’était lui qui endoctrinait son jeune ami ; lui, qui puisait dans la bourse de l’oncle par le canal du neveu ; lui, qui conduisait Scarron au bal et à la comédie, dans les tripots et dans les tavernes ; lui, qui l’avait rendu habile dans l’art de manier les cartes ou l’épée ; lui, qui le présentait, comme son élève, en mauvaise compagnie, et comme son cousin, dans les cercles de la place Royale. Scarron remplissait également bien tous les rôles qu’on voulait lui donner.


Un soir du mois d’octobre de l’année 1627, Scarron, s’étant échappé du logis de son oncle qui dormait après souper, vint en courant au quartier de l’Arsenal, rue