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introduction.

ou bien je jouais le rôle du commissaire-priseur dans une vente de livres. Une fois, je poussais l’extravagance jusqu’à me persuader que j’étais métamorphosé en manuscrit sur vélin avec de belles lettres peintes et des miniatures rehaussées d’or ; en ce prétendu équipage, je ne laissais approcher aucune tisane, qui pût endommager les merveilles de mes feuillets enluminés.

À ce délire aigu succéda une langueur de consomption, qui aboutit au marasme ; j’étais devenu indifférent à tout, même à mes goûts de bibliophile, que la médecine eût appelés à son secours, s’ils avaient pu arrêter mon dépérissement organique. Le bon docteur Charpentier désespéra de moi, en remarquant l’accueil froid et passif que je fis à cer-