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Paul Scarron, qui, au XVIIe siècle, acquit une bizarre réputation comme créateur du genre bouffon qu’il mit à la mode par ses ouvrages en prose et en vers, n’était pas infirme et contrefait de naissance, tel que son portrait nous le représente, avec le visage blême et amaigri, le front chauve, le cou tordu, les jambes arquées et le corps en Z, selon sa propre expression, et tel qu’il se dépeint lui-même dans une de ses lettres, où il regrette tout ce qu’il avait perdu, en disant : « Ah ! si le Ciel m’eût laissé des jambes qui ont bien dansé, des mains qui ont su peindre et jouer du luth, et enfin un corps très adroit ! » Il vint au monde, en 1610, sans le plus léger désagrément de nature, et son père, conseiller au Parlement de Paris, put se flatter d’avoir un successeur aussi bien fait qu’il l’était lui-même.


Le jeune Scarron fut élevé avec soin, et son esprit se développa plus rapidement que son physique ; à douze ans, outre les études du collège qui ne suffisaient pas à son avidité de savoir, il rimait déjà, en style agréable,