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Mais tu n’en seras pas quitte pour la prison et le pilori ; j’en jure par le nom de notre saint-père le pape ! On te pendra de compagnie avec le scélérat qui t’a conseillé de me nuire de la sorte, en tuant mon singe et saccageant mes pauvres marionnettes !


— Grâce, monseigneur ! reprit d’Assoucy, qui comprit le danger de sa position : je vous proteste que ce n’est pas moi, qui ai fait cela. Je vous nommerai, s’il vous plaît, les coupables.


— Oui-dà ! par le chef de saint Jean-Baptiste ! Bien fou qui se fierait à tes mensonges ! Certes, le Savoyard, que Dieu damne ! a conseillé ce beau dessein, mais c’est toi seul qui l’as exécuté.


— Vraiment, mon bon seigneur, c’est ce vilain aveugle qui a fait le dommage, et je vous l’affirme bien naïvement, puisque j’étais caché là, où j’ai tout vu et tout entendu sans être découvert.


— Par les mérites de la Passion ! ce sont bourdes et balivernes, maître fourbe ! Pense-t-on m’en donner à garder ? Comment un aveugle, tel que le Savoyard, eût-il su trouver seul le chemin de ma cave, pour commettre tels dégâts ?


— Nul autre que lui, cependant, n’a fait rage contre vos machines, je vous l’atteste. Il est vrai que son méchant page de musique le conduisait et l’aidait bel et bien à saccager vos belles marionnettes.


— N’es-tu pas toi-même page de musique du Savoyard, infâme ? Par la vénérée croix de Notre-Seigneur ! oseras-tu soutenir, aussi, que tu n’as point tué mon pauvre bonhomme de singe ? Tu as encore le visage égratigné de ses griffes et meurtri de ses dents. Çà ! je ne sais quelle pitié me retient de te mettre à mort,