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à cette oraison funèbre, après une enquête des localités, après enfin une visite de curiosité à chacun des hauts et puissants seigneurs de bois, qui étaient pour lui de vieilles connaissances, d’Assoucy demeura convaincu de l’inutilité de ses tentatives pour sortir immédiatement de ce souterrain ; il résolut donc d’accepter sa destinée avec une stoïque résignation, mais, pour passer le temps et se désennuyer, il se hissa jusqu’à l’ouverture d’une petite lucarne, par laquelle il aurait pu s’amuser, en toute autre circonstance, à cracher dans l’eau pour faire des ronds et à saupoudrer de poussière les bateliers qui passaient sous la seconde arche du Pont-Neuf.


L’ébranlement des pas et le son confus des voix cessèrent de retentir sous la voûte du pont ; la nuit était venue, et on entendait encore, le long des rives de la Seine, les cris de : Vive le roi ! se mêlant à des cris de joie et de vengeance, comme les derniers échos de l’odieux assassinat commis dans le Louvre par ordre du jeune Louis XIII : d’Assoucy avait vu jeter dans la rivière les cendres du maréchal d’Ancre. Quand le silence se fut reposé sur la ville plongée dans l’obscurité, il n’espéra plus qu’on vînt lui rendre la liberté avant le lendemain, si toutefois l’on devait venir. Il entendit avec chagrin le carillon de la Samaritaine, qui sonnait l’heure du couvre-feu : tout Paris avait soupé, excepté lui. Affamé et altéré, grelottant de froid, il choisit, afin de s’y blottir, le coin le plus reculé de la cave, et s’enveloppa d’une vieille tapisserie, pour dormir, au lieu de souper.


Il dormait donc de bon appétit, depuis deux heures, et se rassasiait, en rêve, des plus excellents mets : il fut