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plus petite, que j’y goûte, suivant votre honnête intention.


Le marchand de cotignac excitait la convoitise du petit gourmand.


— Merci de vos louanges, mon ami. Prenez la plus grande boîte moyennant un écu, et mangez-la dévotement, pour l’amour de moi. Rien qu’un écu !

— Vous êtes le plus généreux homme que je sache, dit le drôle en s’emparant d’une boîte qu’il eut mise à sec en un tour de langue. Je saurai reconnaître ce don gracieux.

— Il suffit de me donner un écu, répétait le marchand, qui devint pâle à l’idée seule du péril que courait son bénéfice ; non un écu d’or de cinq livres, mais un écu blanc de soixante sous, et j’ose déclarer que nul autre ne fabrique de cotignac à si bon compte. Vous plaît-il de choisir une seconde boîte et de payer toutes les deux ensemble ?

— Volontiers ! J’irai jusqu’à trois, riposta d’Assoucy, faisant main basse sur le cotignac, et je vous assure ma chalandise : quant à l’argent, bonhomme, allez voir à la Monnaie, s’il y est venu.

— Au voleur ! cria le marchand, qui ne fut que trop convaincu d’avoir été dupé ; arrêtez ce filou effronté ! Il a mangé mon cotignac et ose nier sa dette ! mordienne !… Que ce méchant garçon me montre l’âme de sa bourse ; sinon, je le mène aux prisons du Châtelet !

— Ma bourse est en la poche de quelqu’un, allez-y voir ! dit le voleur, affectant bonne contenance, au lieu de s’enfuir. Je ne vous ai pas trompé, monsieur du cotignac ; je n’ai fait qu’accepter votre offre obligeante de goûter vos pâtes, que je déclare exquises et incomparables. Or donc j’invite les bonnes gens ci-présentes à en prendre