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Le voleur s’était précipité lui-même dans une citerne, ancienne piscine destinée à laver les linges imprégnés des saintes huiles. Dans ce puits, alimenté par les eaux du ciel qu’il recevait par une ouverture de la voûte, un rayon de la lune fit l’erreur du larron, qui s’imagina voir briller l’or à ses pieds et qui s’élança pour s’en saisir. En même temps, Jean de Launoy se suspendit à la corde d’une petite cloche qu’il parvint à mettre en branle. Le guetteur des tours acheva de donner l’alarme. Le voleur s’était noyé.

Nicolas de Briroy, alors évêque de Coutances, manda l’enfant qui avait sauvé la Notre-Dame d’argent de la cathédrale et lui fit raconter cette aventure, dans laquelle il avait montré un courage et une adresse si extraordinaires. Le prélat ne douta pas que cet enfant ne fût prédestiné à de grandes choses. En conséquence, il le fit élever, aux frais de l’évêché, dans le collège de la ville.

Jean de Launoy devint plus tard un savant docteur de Sorbonne, et se servit de son érudition critique contre certaines mauvaises légendes du Martyrologe, ce qui lui valut le plaisant surnom de Dénicheur de saints.


— J’arrache l’ivraie, disait-il, et je l’empêche d’étouffer le bon grain. C’est par respect pour notre sainte religion, que je m’attaque aux superstitions des temps d’ignorance et de crédulité.