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caractère redoutable, dans cette sombre solitude de pierre.


Jean se préparait donc à bien voir et à bien entendre, sans mêler le ciel ni l’enfer à ce qu’il verrait et entendrait. Il vit un homme seul, qui venait droit à l’autel de la Vierge ; ce n’était pas, à coup sûr, pour y prier. Cet homme approchait lentement, avec précaution, comme prêt à faire retraite dès le moindre indice de danger. Les ténèbres du lieu ne permettaient pas de juger, à sa figure et à son extérieur, quel pouvait être le motif de sa présence nocturne dans l’église ; mais l’enfant n’eut plus de doute à cet égard, lorsqu’il remarqua que cet audacieux voleur s’adressait à la grande statue d’argent de la Vierge, qu’il avait déjà descendue de l’autel et qu’il s’apprêtait à prendre dans ses bras pour l’enlever.


À l’aspect de ce sacrilège, Jean de Launoy fut ému d’une pieuse indignation, qui lui arracha un cri. Le voleur se crut découvert et tira de sa poche un couteau, dont la lueur menaçante inspira aussitôt à l’enfant une ruse ingénieuse.


— Misérable ! cria-t-il d’une voix claire et vibrante, à laquelle l’écho des souterrains prêta un accent solennel : qu’es-tu venu faire ici ?


— Grâce, mon Dieu ! répondit cet homme épouvanté, en se jetant à genoux la face contre terre ; ayez pitié de moi, sainte Vierge Marie !



Grâce, mon Dieu !

— Oses-tu bien, sacrilège, porter la main sur cette