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elle n’entendit aucun bruit de pas retentissant sur le pavé sonore. Supposant donc que l’enfant était sorti de la cathédrale et rentré seul au logis, elle se promit de le punir pour ce nouvel acte de légèreté et de désobéissance. Elle revenait chez elle, cependant, l’esprit consolé et raffermi par la prière, avec un vague pressentiment d’une prochaine amélioration de son pénible sort ; mais elle tomba tout à coup dans une douloureuse anxiété, en ne voyant pas son fils venir à sa rencontre.

Elle retourna sur ses pas vers la cathédrale ; elle traversa les rues voisines de Notre-Dame, elle interrogea vainement le sacristain qui fermait les portes de l’église ; elle appela Jean sous les murs du cimetière. La nuit s’épaississait, et sa terreur augmentait par degrés ; elle repassa plusieurs fois dans les endroits qu’elle avait parcourus ; plusieurs fois elle revint à sa demeure pour s’assurer que l’enfant n’y avait pas reparu. Elle employa une partie de la nuit à des recherches inutiles et elle veilla, cette nuit-là qui lui semblait éternelle, au milieu des sanglots et des plus sinistres préoccupations. Dans son désespoir, craignant qu’un accident ne fût arrivé à son fils, elle alla jusqu’à reprocher son malheur à la sainte Mère de Dieu.


Aucun accident n’avait causé l’absence du petit Jean de Launoy : il s’était endormi dans une stalle du chœur, sa tête blonde cachée entre ses mains. Comme sa lévite de bure grise se confondait avec l’obscurité qui l’enveloppait, le sacristain, armé de sa lanterne, ne l’avait point aperçu, quoiqu’il eût visité tous les coins et recoins de l’église, sans soupçonner qu’un être vivant y fût enfermé.



Il s’était endormi dans une stalle du chœur