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Il connaissait donc toutes les parties de l’extérieur et de l’intérieur de cette église dédiée à Notre-Dame, et il ne se lassait pas de la parcourir, de la visiter, en y découvrant sans cesse de nouveaux sujets de surprise et d’admiration ; soit qu’il examinât les figures grotesques d’un chapiteau ; soit qu’il s’arrêtât à contempler les vieilles tombes sur lesquelles dorment des statues de chevaliers armés de toutes pièces, ayant un chien ou un lion emblématique à leurs pieds ; soit qu’il se glissât, effrayé à l’entrée des caves sépulcrales ; soit qu’il plongeât un regard indiscret à travers le cristal d’un antique reliquaire. Son imagination s’échauffait au spectacle de ces antiquités religieuses, et la tendance innée qu’il avait à tout approfondir et à douter de tout, ne faisait que s’accuser davantage vis-à-vis des traditions étranges de moyen âge, effacées sur la pierre, mais gravées dans la mémoire des bons vieux paroissiens de la cathédrale. Il hochait la tête, quand on lui racontait que saint Lô avait été évêque à douze ans, et que ce saint ne pouvait dire la messe, sans qu’une colombe de feu voltigeât au-dessus de sa tête. En un mot, Jean de Launoy joignait à une véritable piété l’aversion la plus inflexible pour toutes les croyances populaires, qui n’étaient pas des dogmes fondamentaux de la religion et qui pouvaient être combattues par le raisonnement ; il jugeait faux tout ce qu’il ne comprenait pas et n’avait pas même peur du Diable, quoiqu’il en vît la représentation hideuse, peinte et sculptée, à chaque pas, dans cette vénérable cathédrale gothique.

Un soir (c’était en 1613), au coucher du soleil qui faisait flamboyer les rosaces comme des fournaises, madame de Launoy