à haleter et s’arrêta. Son teint, brun d’ordinaire, était affreusement livide. Son regard était vague. Ses lèvres frémissaient ou murmuraient je ne sais quelle prière. Une goutte de sang coula d’une petite déchirure à son front.
À ce spectacle, une pensée me traversa : « S’il allait mourir !… » Mon imagination prompte à assembler des scènes tragiques conçut tout le drame et même ce qui s’en ensuivrait. Déjà je me voyais allant le lendemain au-devant des Saint-Xavier, ses bourreaux, et leur disant — de quel ton accablant !
— Eh ! bien, soyez contents, vous l’avez tué…
À ce moment, d’un mot qui me rassurait, Silbermann souffla sur ces songes. Nous reprîmes notre marche. Un peu plus loin il désira s’arrêter encore. Nous étions devant la chapelle du lycée. Là se trouvait un carré avec des bosquets de lilas et un banc. Silbermann s’assit.