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la défaite, il repartait à disputer, narguant par des gestes moqueurs ceux qui nous entouraient. C’était du courage si l’on veut ; c’était surtout l’espoir de vaincre, soufflé par un âpre orgueil ; c’était l’ambition, plus tenace qu’aucun sentiment, de prouver sa supériorité. Alors la bataille se rallumait. De nouveau on s’élançait vers lui. Et je le voyais, à terre, se débattre encore, comme le tronçon d’un ver remue sous le talon.

Je lui démontrais doucement ensuite, par un petit sermon, combien sa tactique était maladroite. Et il me répondait d’une voix rauque, avec une flamme dans le regard :

— Que veux-tu ! nous autres, plus on nous opprime, plus nous nous redressons.

C’était vrai. Je remarquais maintenant combien il était préoccupé de se venger. Toute occasion lui était bonne pour s’en prendre au parti adverse. Sa supériorité