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à la bataille. J’entendais Montclar applaudir un de ses mercenaires et je voyais celui-ci reconnaître par un redoublement de brutalité cette faveur de son chef. J’apercevais Robin parmi les assaillants. Il ne frappait pas bien rudement et, avec sa chevelure blonde en désordre, il semblait un page à ses premières armes. Souvent, nos regards se rencontraient, mais le sien se détournait aussitôt comme pour esquiver la supplication du mien. Et c’était pour moi chose affreuse de voir la grâce de ce visage, naguère aimé, durcie maintenant dans une expression insensible.

Quelquefois Haase ou Crémieux se trouvaient par hasard auprès de la bagarre. Ils se gardaient d’intervenir, et même il n’était pas rare que Haase eût un mot de flatterie pour les agresseurs. Cependant on surprenait dans leurs yeux une lueur de sympathie secrète ou de vague inquiétude — on ne savait bien — qui faisait songer aux obscurs sentiments qui agitent