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soit par honte de ces choses, soit de peur qu’il ne remarquât les mauvaises dispositions de mes parents, je m’arrangeai pour que Silbermann y vînt le moins possible.

Mais nos rapports n’en souffrirent pas. Il semblait d’ailleurs que ma compagnie lui fût devenue indispensable. Il m’emmenait partout avec lui. Le dimanche, nous allions généralement au théâtre ; sitôt le rideau du dernier acte tombé, il prononçait sur la pièce et sur les acteurs un arrêt péremptoire, éloge ou condamnation qui fixait mon esprit lentement ému. Le jeudi, nous nous rendions chez quelque libraire ; il discutait éditions, reliures ; il marchandait, achetait, faisait un échange. Il avait toujours la poche pleine d’argent, et sa générosité à mon égard, quand nous sortions ensemble, me faisait souvent rougir. À la fin de la journée, après avoir inscrit mes comptes — habitude imposée par mon père — je m’amusais à calculer