en face de lui, dénué de toute inspiration, cherchant scrupuleusement le sens de chaque mot, j’avançais dans les ténèbres pas à pas.
Lorsque nous avions terminé, il allait vers la bibliothèque et me faisait part de sa dernière découverte. Car il n’y avait pas de semaine qu’il ne s’enthousiasmât sur une nouvelle œuvre. Enthousiasme désordonné, qui me faisait passer tout d’un coup, d’un sonnet de la Pléiade à un conte de Voltaire ou à un chapitre de Michelet. Il prenait le livre et lisait. Souvent il me tenait par le bras et, aux endroits qu’il jugeait beaux, je sentais l’étreinte se resserrer. Il ne voulait jamais s’arrêter. Une fois, il me lut en entier la Conversation du Maréchal d’Hocquincourt, figurant tour à tour avec des intonations particulières et des mines comiques le père jésuite, le janséniste et le Maréchal.
Bientôt nous passâmes ensemble tous nos jours de congé. C’était lui qui décidait