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Dès lors, je me dévouai entièrement à Silbermann. À chaque récréation, je me hâtais de le rejoindre, espérant le protéger par ma présence. Heureusement, l’hiver venu, sa situation s’adoucit un peu. En raison du froid, nous restions dans les classes, où l’on n’osait rien contre lui ; et le soir, à la sortie, il s’échappait à la faveur de l’obscurité.

Nous nous retrouvions dans la rue. Nous faisions chemin ensemble et je l’accompagnais jusqu’à sa porte. Quelquefois je montais chez lui et nous nous mettions à faire nos devoirs. Sa facilité au travail, autant que ses méthodes, m’émerveillait. Lorsqu’il faisait une version latine, je le voyais d’abord lire rapidement la phrase avec un regard tendu ; puis réfléchir quelques secondes, mordant fiévreusement ses lèvres ; enfin lire de nouveau en balançant la tête et les mains selon le rythme de la phrase ; et, ayant à peine consulté le dictionnaire, écrire la traduction. Assis