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L’appel de Silbermann à ma pitié m’avait touché profondément. Toute la soirée, je songeai à lui, me sentant bien plus attiré que lorsque j’étais seulement ébloui par ses dons merveilleux. Je me ressouvenais de ses yeux craintifs, le premier jour ; je m’expliquais son hésitation à m’aborder le matin ; et ces images, qui le représentaient parmi nous comme un déshérité, me navraient.

Dans ma chambre, machinalement, je pris un de mes cahiers et l’ouvris aux dernières pages. C’était là, sur des feuilles barbouillées, qu’on aurait pu pénétrer mes secrets ; c’était là qu’il m’arrivait de commencer une confession, d’écrire à un ami imaginaire, de griffonner des prénoms féminins. Puis, lorsque je m’apercevais de la puérilité de ces choses, ou, rougissant de honte, de la rêverie trouble où elles m’avaient entraîné, je me hâtais de recouvrir d’encre tout mon travail.

Je me mis à écrire à Silbermann. Je