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pris… Tu as lu La Fontaine et ses fables ?

Je fis signe que non.

— Je te le prêterai.

Je ne répondis rien. J’étais étourdi. Ce garçon qui possédait des livres rares, qui distinguait avec assurance : « ceci est beau… cela ne l’est pas » ; qui avait voyagé, lu, observé, retenu des exemples, jetait en mon esprit tant de notions admirables que cette profusion me confondait. Je tournai les yeux vers lui. Qu’il fût supérieur à tous les camarades que j’avais, cela était évident et je n’en doutais pas ; mais je jugeais encore que je n’avais rencontré ni dans ma famille ni parmi notre milieu quelqu’un qui lui fût comparable. Ce goût si vif pour les choses de l’intelligence et cette façon si pratique de les présenter, cette adresse pour mettre à portée de main ce qui est élevé, étaient pour moi des qualités vraiment neuves. Et cette parole forte et aimable à la fois, qui imposait en même temps qu’elle char-