cristallisait sous la forme d’une amitié, où se mêlaient indistinctement une alliance mystique, une entente intellectuelle et un dévouement de toute ma chair.
J’éprouvais cette disposition confuse, ce matin-là, au Ranelagh, lorsque je vis avancer, dans la même allée, Silbermann. Il était seul. Il marchait à pas courts et précipités, remuant fréquemment la tête ; il semblait plein de pensées inquiètes ; on l’eût dit poursuivi. Il m’aperçut de loin mais n’en montra rien et ouvrit un livre qu’il avait à la main. Au moment qu’il allait passer, il leva vers moi des yeux incertains, esquissa un sourire, puis, comme je lui répondis par un bonjour très cordial, changea brusquement de physionomie, accourut et exprima sa joie de la rencontre.
— Tu habites donc par ici ? Et où cela ?
Il voulut connaître le nom de la rue, le numéro de la maison, me questionna