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comme s’il avait eu en bouche quelque chose de délectable.

Entendant quelques élèves protester contre l’empressement excessif de Silbermann, le professeur l’interrompit et le félicita. Silberman s’assit. Il était heureux ; je le remarquai à un petit souffle qui faisait palpiter ses narines. Mais ce souffle, me demandai-je, n’est-ce pas plutôt l’âme d’un génie mystérieux qui habite en lui ? Cette idée plut à mon imagination puérile, qui était encore près du fantastique ; et comme je le contemplai longuement au point d’être fasciné, il me fit songer, avec son teint jaune et sous le bonnet noir de ses cheveux frisés, au magicien de quelque conte oriental, qui détient la clef de toutes les merveilles.

Nous nous adressâmes la parole quelques jours plus tard, un dimanche matin, en des circonstances dont j’ai bien gardé la mémoire.