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sa voix, des idées et des idées germaient dans ma tête d’un terrain jusqu’alors aride ; les scènes d’Iphigénie se composaient, scènes positives, qui ne ressemblaient nullement à celles que j’avais vues au théâtre, entre des toiles peintes et sous un éclairage artificiel. J’avais la vision d’un rivage où se trouvait dressé un camp ; les flots, qu’aucun vent n’agitait, glissaient doucement sur le sable ; et là, parmi des tentes à peine distinctes dans le petit jour et d’où nul bruit ne venait, deux hommes dont le front était soucieux s’entretenaient.

Je n’avais pas cru jusqu’ici que cette représentation vivante et sensible d’une tragédie classique fût possible. Voir remuer un marbre ne m’eût pas moins ému. Je regardai celui qui avait fait jouer les choses pour moi. Silbermann avait dépassé la limite de la leçon et cependant il continuait de réciter. Son œil pétillait ; sa lèvre était légèrement humide,