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Silbermann, interrogé, se leva et commença de réciter :

Oui, c’est Agamemnon, c’est ton roi qui t’éveille,
Viens, reconnais la voix qui frappe ton oreille

Il ne débita point les vers d’une manière soumise et monotone, ainsi que faisaient la plupart des bons élèves. Il ne les déclama pas non plus avec emphase ; sa diction restait naturelle. Mais elle était si assurée et on y distinguait des subtilités si peu scolaires qu’elle nous surprit tous. Quelques-uns sourirent. Moi, je l’écoutais fixement, frappé par une soudaine découverte. Ces mots assemblés, que je reconnaissais pour les avoir vus imprimés et les avoir mis bout à bout, mécaniquement, dans ma mémoire, ces mots formaient pour la première fois image en mon esprit. Je m’avisais qu’ils étaient l’expression de faits réels, qu’ils avaient un sens dans la vie courante. Et à mesure que Silbermann poursuivait et que j’entendais le son de