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nonçait le mot conscience. Je songeais aux blâmes sévères que ma mère portait si souvent sur les actions des autres. Ils n’agissent point comme ils me le donnent à croire, disais-je intérieurement, ils me trompent, ils m’ont toujours trompé.

Cette pensée réfléchissait sa lumière sur le passé. J’avais souvent comparé la conduite de mes parents et le système de leurs actes à ces tapisseries au canevas que ma mère brodait avec patience et régularité durant nos veillées. Et maintenant, il me semblait découvrir l’envers de l’ouvrage ; derrière les lignes symétriques et les beaux ornements aux tons francs, j’apercevais les fils embrouillés, les nœuds, les mauvais points.

Mes parents m’adressèrent quelques paroles engageantes. Je répondis par monosyllabes. Le regard fixe, je revoyais, comme si la tapisserie s’était déroulée devant moi, leurs gestes simples, leurs préceptes stricts, leurs nobles actions ; et