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tique ?… Mon père en connaît plusieurs. » Je compris que l’on avait fait certaines démarches en faveur du père de Silbermann ; je compris que ma mère, mise au courant des faits, était en train d’évaluer avec une âpre connaissance le profit à tirer de la situation, et que le juge, mon père, qui avait toujours présenté à mes actes l’exemple d’une droiture inflexible, hésitait et même penchait vers la fraude.

Je pris place entre eux. Mes pensées étaient vagues. Il me semblait que le sol sur lequel j’avais posé mes pas jusqu’ici perdait soudain toute fermeté. Mes parents se doutaient-ils que j’avais surpris leur conversation ? Je ne sais ; toutefois j’ai le souvenir d’une certaine gêne chez eux. Ils m’observaient à la dérobée. Le repas commença en silence.

Je songeais au sermon sur l’intégrité de la justice que mon père m’avait fait entendre dans son cabinet, à son accent majestueux et quasi divin lorsqu’il pro-