tites lois domestiques, notre conception du beau, tout avait perdu son prestige. Et l’autorité de mes parents devait subir bientôt une déchéance pareille.
Déjà, depuis quelque temps, je n’avais plus la même vénération aveugle envers eux. J’avais eu le soupçon à deux reprises que certaines de leurs pensées m’avaient toujours échappé. Je n’avais pas oublié l’étrange figure de mon père s’acharnant à m’imputer des actions infâmes ni l’attitude de ma mère cherchant à me détacher de Silbermann par les moins nobles arguments.
Un soir, comme j’allais pénétrer dans la salle à manger où ils se trouvaient, j’entendis prononcer le nom de Silbermann. Je m’arrêtai sur le seuil. J’étais caché par une portière.
— Sa culpabilité ne fait point de doute, disait mon père. Mais en somme on peut dire que les charges relevées contre lui ne sont point précises.