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la tête. Des larmes coulèrent sur ses joues.

Ce discours singulier, ce mélange de plaintes et de malédictions, m’avait apitoyé et indisposé tout à la fois. Je profitai de son trouble pour lui répondre.

— Mais je n’ai pas agi ainsi, protestai-je. Je t’ai tout donné. Je t’aurais sacrifié tout. Combien de fois te l’ai-je prouvé !

Alors, relevant la tête et redressant brusquement le ton :

— Crois-tu donc que je ne le méritais pas ? N’en déplaise à ta mère, cette bonne protestante qui a si bien pratiqué à mon égard la charité évangélique, mon amitié valait mieux pour toi qu’aucune autre, sois-en assuré. Rappelle-toi nos entretiens, songe à tout ce que je t’ai fait connaître et comprendre. Trouvais-tu un profit analogue auprès de tes camarades ordinaires et même auprès des gens de ton entourage ?… Allons, réponds !… Mais je n’ai qu’à revoir ta figure lorsque tu m’écoutais, je n’ai qu’à répéter tes propres pa-