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chassé de ce pays, déclara-t-il en se dégageant par une saccade.

Un passant remarqua ce geste et se mit à nous observer.

— Prends garde, dit ironiquement Silbermann. Ne restons pas ici. Il ne faut pas que tu sois vu en aussi indigne compagnie.

Il m’entraîna vers le Bois de Boulogne. Nous prîmes un petit chemin qui serpentait sur les fortifications et où personne ne se montrait. Je marchais silencieusement à son côté. Mes bras, écartés par lui, étaient retombés et me semblaient tirés par des poids.

— Oui — dit-il, étouffant avec peine sa colère — je pars, j’abandonne mes études, je renonce à tous mes projets. Le frère de mon père, mon oncle Joshua, qui est courtier de pierres précieuses à New-York, me prend dans ses affaires.

« Ils triomphent, les Français de France ! Songe donc : un Juif de moins auprès