l’opprobre de sa race. De même, chacun, sans distinction d’opinion, lisait le journal royaliste où tous les jours le père de Silbermann était traité de voleur, de pilleur d’églises, et dépeint sous des traits comiques et odieux. Silbermann en trouvait des exemplaires partout, jetés à sa place en classe ou glissés dans sa serviette.
Les attaques avaient repris et devenaient chaque jour plus violentes. On guettait l’arrivée de Silbermann dans la cour, et dès qu’il était aperçu, les huées s’élevaient. Alors je volais vers lui et lui frayais son chemin. Nous avancions ensemble au milieu de la poussée générale. Les railleries et les injures s’entrecroisaient sur notre passage et m’éclaboussaient.
— Voleur… En prison… criait-on.
Craignant par-dessus tout, ainsi qu’il m’en avait fait part, que le retentissement donné à l’aventure de son père ne l’obligeât à quitter le lycée, Silbermann s’ef-