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sisterai. Je leur prouverai que moi, je les ai, les qualités que l’on prête à ma race. Après tout, je ne suis pas le premier Juif que l’on persécute.

Et je sentis ses doigts qui s’agrippaient profondément à mon bras.

Mais s’il n’était pas le premier, on eût dit que sa chétive personne fût chargée de la réprobation universelle et légendaire jetée sur Israël. Car, au lycée, depuis que Silbermann passait pour le fils d’un voleur, ceux qui le taquinaient par simple jeu et non parce qu’il était Juif, changeaient de disposition à son égard. Il semblait que cette disgrâce eût ouvert leurs yeux ; ils découvraient maintenant le type sémite de Silbermann, de même que l’on remarque le pouce monstrueux et les oreilles décollées de l’homme placé entre deux gendarmes. Mêlés aux autres, ils acceptaient de le flétrir par l’invective commode de « sale juif ». Et à présent, chacun, sans exception, accablait Silbermann sous