— Avoue… avoue, proférait-il.
Je relevai la tête. Ce n’était plus mon père. Sa figure, constamment rigide et rarement émue, était devenue méconnaissable tant le soupçon et l’inquisition y imprimaient d’excitation et de vie. Elle s’était rapprochée de la mienne, et, les prunelles brillantes, le souffle pressant, elle m’interrogeait dans un langage muet, adroit et presque complice, que je comprenais aussi mal qu’un innocent l’argot des criminels.
Puis, cette expression disparut. Mon père réfléchit un moment. Enfin il me libéra lentement, et, levant l’index vers le ciel, il prononça ces mots :
— Je me garderai de te condamner sans preuves. Mais écoute-moi bien, mon enfant. Une amitié excessive telle que celle qui te lie à ce garçon, est toujours à éviter. Dans le cas particulier, vu la situation présente de son père et la mienne, elle ne saurait subsister. Je te prie donc de