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Je lui dis bonsoir d’une voix imperceptible, car, à peine entré, il m’était apparu que ma démarche était insensée. Et, tout de suite, je lui annonçai que j’avais des renseignements à lui donner au sujet de l’affaire Silbermann. Je me mis à débiter d’une haleine tout ce que j’avais entendu le matin, les raisons politiques et les menées suspectes de l’accusation, l’impossibilité où le père de mon ami était de prouver sa bonne foi, la nécessité d’un prompt non-lieu afin d’arrêter les attaques, enfin la version même dictée par Silbermann.

Où prenais-je l’audace et l’habileté nécessaires à ce plaidoyer, moi si timide d’ordinaire et silencieux à l’excès ? Je l’ignore. Il me semblait avoir devant la vue une flamme que rien de terrestre ne pouvait obscurcir et qui faisait rayonner dans mon esprit une chaleur extraordinaire. Ma mission, répétais-je en moi-même, ma mission !