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Silbermann. Je lui promis de parler le soir même à mon père. Et tant de naïveté entrait dans mes sentiments éperdus que je ne doutais pas que mon père, entendant ce récit, ne ressentît la même émotion que moi. Il me parut que ce serait comme un beau présent que j’apporterais et que je partagerais avec lui.

Le soir, sans hésiter, le doigt tremblant toutefois, je frappai à la porte du cabinet de mon père. Sa voix juste et sans nuances cria d’entrer.

Dans la pièce étroite, tendue d’étoffe vert sombre, mon père était au travail devant son lourd bureau de chêne noirci. Derrière lui, dans une bibliothèque de même bois, s’alignaient sous une monotone reliure de toile, noire également, les livres juridiques. Sur ce fond sévère se détachait sa figure aux traits droits, privée d’élégance mais non d’un air de noblesse tant mon père y arborait de roideur.