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pays et les gens, des jugements critiques bien rares à notre âge et qui me paraissaient le signe d’un cerveau supérieur. Grâce à sa mémoire qui était extraordinaire, grâce aussi, sans doute, à l’aisance d’un esprit libre de toute attache, il assimilait promptement tout ce qui passait sous ses yeux et composait de vastes tableaux qui débordaient mes vues étroites. Ces lettres rappelaient une foule de faits historiques et abondaient en citations littéraires. Celle qu’il m’écrivit d’Amboise me fit une peinture de la cour des Valois ; peinture chargée de sang et de poison, bien faite pour justifier le sentiment d’aversion que m’inspirait la dynastie de la Saint-Barthélémy. Il se plaisait aussi à imiter le style d’un écrivain célèbre. Il réussissait cet exercice à merveille, trop bien même, selon l’opinion de notre professeur, ainsi que je l’ai rapporté. Passant à Chinon, il m’écrivit plusieurs pages dans la langue de Rabelais, qui me divertirent fort.