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Pierre : Simon, fils de Jean, est-ce que tu m’aimes plus que ceux-ci ? Pierre répondit : Seigneur, vous savez que je vous aime. Jésus lui dit : Pais mes agneaux. Il lui dit une seconde fois : Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? Il répondit : Oui, Seigneur vous savez que je vous aime. Jésus lui dit : Pais mes agneaux. Il lui dit pour la troisième fois : Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? Pierre s’affligea de ce que Jésus lui demandait, pour la troisième fois ; M’aimes-tu ? et il lui répondit : Seigneur, vous connaissez toutes choses, vous savez que je vous aime. Et Jésus lui dit ; Pais mes brebis[1].

Voilà, Messieurs, les trois paroles sacrées sur lesquelles était fondée la suprématie de Pierre.

En vertu de ces éminentes paroles, Pierre, aussitôt après l’ascension du Sauveur, avait exercé sa prérogative apostolique. C’est lui qui s’était levé dans le cénacle pour faire élire un apôtre à la place de Judas ; c’est lui qui le premier, après la descente du Saint-Esprit, avait annoncé la parole sainte aux Juifs ; c’est lui qui le premier avait appelé les nations à la foi dans le centurion Corneille ; c’est lui qui avait fait le premier miracle en jetant morts à ses pieds Ananie et Saphire, pour avoir menti à l’Esprit-Saint ; c’est lui qui le premier avait pris la parole dans le concile de Jérusalem, et proposé ce qu’il fallait faire au sujet des observances de l’ancienne loi : partout sa suprématie s’était manifestée.

Mais

  1. Saint Jean, chap. XXI, vers. 15 et suiv.