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C’est, au contraire, tout ce qu’il y a de plus simple et de plus nécessaire aux hommes, le rétablissement de leurs rapports avec la vérité. S’il y a quelque chose d’étrange dans le monde, ce n’est pas que la vérité soit donnée par Dieu au genre humain dans un enseignement pur d’erreurs ; c’est que cet enseignement soit méconnu, malgré le besoin que nous en avons ; et le désordre introduit en nous par le péché originel peut seul expliquer cette anomalie. L’Église, remarquez-le, Messieurs, ne crée pas la vérité ; la vérité est en Dieu, elle est dans la parole que Dieu a parlée aux hommes, et tout le privilège de l’Église est d’enseigner cette parole sans pouvoir la transformer en erreur. Comment enseigner le genre humain, comment lui demander sa foi sans la possession de ce privilège ? Aussi, Messieurs, toute religion qui ne se dit pas infaillible, se convainc d’erreur par cela même ; car elle avoue qu’elle peut tromper, ce qui est le comble tout à la fois du déshonneur et de l’absurde dans une autorité enseignante au nom de Dieu. Elle avoue n’être qu’une philosophie, et aura par conséquent le sort d’une philosophie. Vous en avez eu la preuve récemment ; vous avez vu des hommes se poser devant l’humanité comme fondateurs d’une religion : beaucoup, parmi eux, étaient des hommes de talent, d’enthousiasme et de bonne foi. Eh bien ! ils ont échoué devant la nécessité d’une mission divine, d’une promesse d’infaillibilité. Tous ensemble, et leur chef à leur tête, ils n’ont osé se