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mienne. Elle cesserait par conséquent d’être une autorité enseignante pour devenir ce que sont devenus les ministres protestants, de simples lecteurs de la Bible, sauf au peuple à l’entendre comme il le jugera convenable. Et encore les ministres protestants sont en contradiction perpétuelle avec le principe qui leur sert de base ; car, tout en déclarant que le droit de chacun est d’interpréter la doctrine, néanmoins, ils ne peuvent s’empêcher de donner à leurs fidèles leurs interprétations particulières, et, agissant ainsi avec autorité, ils maintiennent, jusqu’à un certain point, dans les divers pays les différences qui distinctent chacune de leurs sectes, luthériens, calvinistes, anglicans. C’est par la force de l’autorité enseignante, qu’a lieu ce résultat, et par l’oppression des peuples enseignés, puisque cette autorité qui les enseigne est fausse, contradictoire non-seulement avec les autres autorités protestantes, mais encore avec elle-même. En un mot, Messieurs, le genre humain doit être enseigné, comme nous l’avons établi dans notre première Conférence ; il est nécessairement enseigné, qu’il le veuille ou qu’il ne le veuille pas ; et il n’est pas juge de l’enseignement qu’il reçoit, parce qu’il n’en est pas capable. D’où il suit qu’il doit être enseigné par une autorité qui ne puisse pas le tromper, et qui ait ainsi le droit d’exiger sa foi. Tout autre mode d’enseignement est un mode tyrannique, puisqu’il soumet l’homme à une autorité faillible, qui peut l’asservir à l’erreur.

Mais