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par des expériences nouvelles. Sa vertu croît aussi, en ce sens que le nombre d’hommes qui la pratiquent devient plus grand avec les siècles, et qu’ainsi le témoignage qui en résulte ne cesse de s’agrandir. Plus l’Église approchera donc du terme, plus il sera déraisonnable de contester son enseignement ; et au contraire, plus elle était proche de son origine, plus elle avait besoin de témoignages extérieurs et éclatants de sa mission. De là vient que bien qu’il y ait toujours des miracles dans l’Église, néanmoins ils étaient plus nombreux au commencement qu’aujourd’hui.

Toutefois il ne suffit pas que l’Église soit certaine de sa mission et de son institution divine ; il ne suffit pas qu’elle ait pour elle et pour les autres une incomparable autorité morale : il faut encore qu’elle soit infaillible, c’est-à-dire qu’elle ne puisse pas se tromper dans l’enseignement de la doctrine dont elle a le dépôt ; car si elle pouvait se tromper, les esprits qu’elle enseignerait resteraient juges de savoir si, dans chaque cas donné, elle ne s’est pas trompée. Or elle a été établie précisément parce que ce discernement de la vérité ne peut être fait par le genre humain, composé d’enfants, de peuple et de gens éclairés, mais sans loisir suffisant. Si l’Église n’était pas infaillible, elle n’aurait pas le droit d’exiger la foi ; elle ne pourrait que s’adresser à chaque individu, en lui disant : Voilà comme j’entends tel et tel point de dogme, de morale et de discipline générale, voyez si votre raison est d’accord avec la