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sans doute ont en leur faveur une parfaite évidence intellectuelle ; mais, étrangères à la volonté, et cultivées par un petit nombre de savants, elles ont infiniment moins de rapports que l’enseignement de l’Église avec tous les besoins de l’humanité, et ne possèdent qu’un seul genre de preuves, qui suffit néanmoins pour les établir avec le degré de certitude qui leur est nécessaire pour agir sur l’esprit humain et accomplir leur destination. Si personne ne les nie, c’est que personne n’a intérêt à les nier, parce qu’elles ne touchent que le cerveau, et n’ont aucun contre-coup dans le cœur. Tandis que l’Église, c’est la tête, c’est le cœur, c’est l’homme, c’est le centre et la circonférence ; elle est comme une toile tendue d’un pôle à l’autre de l’univers, où viennent se heurter tous les intérêts et toutes les passions ; comme une horloge inflexible qui répond l’heure véritable des choses à tout point de l’espace, et à tout moment de la durée. Faut-il s’étonner qu’elle ait des ennemis, et la négation même qui en est faite ne fortifie-t-elle pas la preuve de l’adhésion qui lui est donnée, en témoignant de son impartialité et de sa nécessité ?

Et plus l’Église vit, plus ces caractères de certitude morale qu’elle porte avec soi augmentent de lustre et de force. Car sa science croît toujours, en ce sens que des générations nouvelles lui apportent toujours le poids de leurs lumières, et qu’appliquée à de nouveaux faits, à de nouvelles mœurs, à de nouveaux peuples, cette science est sans cesse confirmée