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nombre ? Les religions non chrétiennes n’ont ni la science ni la vertu, et si elles se glorifient de leur nombre, c’est un nombre sans valeur, puisqu’il n’entraîne avec lui qu’une plus grande masse d’ignorance et de vices. Les sectes chrétiennes ont la science, mais une science qui les dévore, et tôt ou tard les fait expirer dans le rationalisme, à moins qu’elles ne se préservent de la dissolution, comme les Grecs, en faisant de leur hérésie le tombeau de toute culture de l’esprit ; elles ont aussi quelque vertu, mais une vertu médiocre, qui ne saurait atteindre aux grands dévouements de la charité et de l’apostolat ; et quant au nombre, elles n’en ont pas vestige, du moins chez les protestants, puisque chacun, en vertu du jugement privé, n’y offre que sa pensée personnelle, et reste toujours, malgré la communauté du nom et l’apparence d’une assemblée, un protestant unique et isolé. L’Église, au contraire, est un corps savant, mais dont la science n’altère point la foi ; un corps vertueux, mais d’une vertu non humaine, qui porte le dépouillement de soi jusqu’à l’héroïsme de la pauvreté, de la chasteté et du martyre volontaire ; un corps immense, mais dont les proportions colossales et multiples s’allient à la plus stricte unité, à cette-unité qui est le nombre par excellence, et dont les anciens philosophes avaient fait à bon droit le principe des choses. Quelle plus haute autorité, et par conséquent quelle plus haute certitude morale ! Lui opposerons-nous, dans un autre ordre, l’autorité et la certitude des mathématiques ? Les mathématiques