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de l’humanité, et qui ensuite les portent fastueusement au milieu d’assemblées publiques où les battements de mains, les pensions et les honneurs les dédommagent de leurs sueurs et de leurs veilles. Nous, Messieurs, quand nous apportons la vérité aux hommes, elle sort d’un cœur brisé, elle vient du pied de la croix ; cette vérité dit que le cœur de l’homme est un abîme et qu’il faut le purifier par une austère pénitence ; elle vient du sang et elle demande du sang ; si vous étiez tentés de mettre en doute sa pureté, elle vous répondrait : Comment ne serais-je pas pure, puisque je suis née crucifiée ?

Jetons maintenant les yeux sur les religions non chrétiennes et sur les sectes chrétiennes ; possèderont-elles ce second caractère de la certitude morale ? Vous savez ce que sont les religions païennes, religions de plaisirs autant que d’ignorance. Vous connaissez Mahomet ; en même temps qu’il rendait la science impossible, il détruisait la moralité, et léguait à ses disciples des mœurs infâmes et des espérances éternelles aussi infâmes que ses mœurs. Si nous passons aux sectes chrétiennes, il y a du bien dans leur sein, par cela seul qu’elles conservent avec Jésus-Christ quelque relation ; cependant leur vertu n’est point, comme celle de l’Église, une vertu de sacrifice. La vertu catholique détruit l’orgueil dans sa racine, tandis que le protestantisme, en donnant tant de prix au sens privé de l’homme, laisse subsister l’orgueil. Et, pour rendre la chose plus claire, prenons un exemple. Il existe un empire en