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qu’elle ne trahit pas ses devoirs et sa fonction ; il a besoin d’un incorruptible médiateur entre l’esprit et la volonté, et ce médiateur, vous l’avez nommé, Messieurs, c’est la vertu. Car la volonté ne pousse la science à l’illusion qu’au profit des sens et de l’orgueil et toutes les fois que la vertu corrige la science, et que la science éclaire la vertu dans une même âme, il s’y fait un jour semblable à celui du ciel, aussi proche de la perfection qu’il est permis à l’homme de le souhaiter.

Or l’Église, Messieurs, ne possède pas seulement la vertu comme médiatrice entre l’esprit et la volonté, comme un arôme étranger qui purifie la science, mais sa doctrine même est une vertu. Les vérités qui en composent le tissu ne sont pas de pures spéculations, mais des vérités qui entraînent une foule de conséquences morales, terribles à la nature. La croix, le détachement de soi-même, la pénitence, tel est le but du christianisme, le résultat de son action persévérante. Être crucifié avec Jésus-Christ pour vivre avec Jésus-Christ, voilà ce que l’Église ne cesse de prêcher dans tous ses enseignements, par tous ses symboles et toutes ses cérémonies ; c’est-à-dire qu’elle est en contradiction constante avec le monde et la nature déchue. Admettre, sans les pratiquer, les vertus qu’elle annonce, c’est déjà une vertu ; que sera-ce de les admettre pour les pratiquer ? Nous ne sommes donc pas des académiciens qui élaborent dans le silence du cabinet des découvertes utiles aux jouissances