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n’a attaqué qu’un petit nombre de points du christianisme, le mystère de la sainte Trinité et de la divinité de Jésus-Christ ; il a reconnu l’unité de Dieu, la création du monde, et même toute la série historique des hommes inspirés, Adam, Noé, Abraham, Moïse : mais il a blessé le christianisme, et, à l’instant même, quelle a été la vengeance de cet attentat ? Sa religion a été condamnée à n’être plus qu’une religion non chrétienne. Il avait voulu rejeter la pierre angulaire, la pierre angulaire est retombée sur lui ; l’ignorance pèse sur sa nation, cette nation dont les émissaires viennent aujourd’hui mendier quelques parcelles de notre science, magnifique hommage que Dieu leur fait rendre à la supériorité des peuples chrétiens. Mais ils ont beau prendre des habillements européens ; leur sultan a beau donner des festins à l’européenne… Non, la malédiction de l’ignorance est sur cette terre : ils ont nié Jésus-Christ, la science n’y paraîtra qu’avec Jésus-Christ.

Voulez-vous considérer les hérésies chrétiennes ? Pour la plupart, elles ont encore la science : ces sectes vivent dans des contrées honorées du culte des lettres et des arts, car elles n’ont pas nié Jésus-Christ. Mais admirez un autre prodige. Cette science, qui nous conserve l’unité et vit en sœur avec elle, que fait-elle chez ces sectes ? Elle y dévore leur religion ; elle y fait ce qu’elle a toujours fait, des hérésies. Les hérésies, en se détachant de l’Église, ont emporté la science sous leur manteau ; mais la